Quelques visages de Vladivostok

Publié le par parisvladiv

 

Russie (028)-vladivostok-devant la gare

La lourdeur russe jusque dans les moindres détails... Ce matin, checking out. Je suis à l’accueil pendant qu'on vérifie la chambre. Compte tenu de notre saleté hier soir c'est un miracle qu'elle soit si propre et j'en suis même surprise. On m'annonce pourtant 500 roubles de frais pour des serviettes de toilette sales, soit-disant non récupérables ! Finalement nous les avons lavées à la main pour récupérer notre caution. J'aurais compris si j'avais nettoyé ma chaîne de vélo avec mais ce n'était qu'un peu de boue.

Russie (011)-vladivostok-construction des ponts

Après ce première épisode matinal, direction l'Alliance Française qui réserve toujours de belles rencontres. Enfin un peu de douceur ! Nous avons ri de notre première impression de Vladivostok avec les professeurs. Elena, amoureuse de sa ville natale, s'est jurée de me faire changer d'avis. Claire, fraîchement arrivée, nous propose gentiment de nous héberger. Elle habite dans un ghetto de Vladivostok. Des bâtisses désaffectées, des herbes folles, des chemins boueux mènent aux barres d'immeubles soviétiques. Façades décrépites, halls vétustes, boîtes aux lettres rouillées, escaliers tagués. A l'étage, une première porte s’ouvre sur un couloir menant aux appartements. Quelques plantes vertes survivent dans la pénombre et côtoient une vieilles cuvette de toilette et des jouets d'enfants. Quand on ouvre la porte de l'appartement, on découvre malgré tout un nid douillet. Nous veillons tard ce soir-là entre repas, bière et moult toasts à la vodka. Le copain de Claire nous explique l'art du toast à la russe. D'après lui les premiers toasts doivent vite s'enchaîner puis ensuite on peut ralentir la cadence et le quatrième toast est réservé aux morts donc on ne trinque pas (car les morts ne sont pas là pour trinquer). Je ne suis pas sûre pour autant que l'art du toast soit une science exacte...

Russie (016)-vladivostok

Le 17 septembre, le temps nous permet enfin d'envisager une promenade en ville ou plutôt une expédition ! Nous restons coincés dans le bus un long moment. La circulation est bouchée. Arrêt total pendant de longues minutes. Excédées des personnes descendent du bus, nous leur emboîtons le pas. Nous sommes encore à plusieurs kilomètres du centre-ville mais c'est l'occasion de découvrir les quartiers populaires. Des vieux rabougris essaient d'arrondir leurs maigres retraites en improvisant un marché d'occasion le long d'un chemin de terre où se côtoient vieilleries invendables et vêtements démodés élimés. Un peu plus loin, une multitude de kiosques où chaque vendeuse semble enfermée dans sa boîte, une seule petite ouverture lui permettant de converser avec le client. Au milieu, des dames aux collants gris et fichus vendent des herbes aromatiques et des légumes. Chaque rue à traverser est une aventure. Il faut éviter les bus, les 4x4 et les tramways délabrés qui déboulent derrière les véhicules mal garés. Enfin le front de mer apparaît et dévoile un pont suspendu en construction, géant faisant le grand écart entre les rives tortueuses de la péninsule. Juste au-dessous une sculpture dédiée aux anciens combattants me captive. On peut dire ce que l'on veut de l'art soviétique, ces blocs de bronze sont fascinants. Je me vois déjà marcher le poing en avant avec ces révolutionnaires, le blizzard faisant voler les pans de mon manteau.

Russie (017)-vladivostok

Le centre-ville est tout petit comparé à l'étendue de Vladivostok et se résume à un port, la gare ferroviaire et un front de mer en à moitié en construction. Quelques rues découvrent de vieilles maisons mais les pentes affichent rapidement d’horribles buildings, certains non achevés mais abandonnés en l'état faute de fond pour continuer.

Russie (020)-vladivostok

Le lendemain nous avons rendez-vous avec Elena qui veut nous faire aimer Vladivostok. Elle a déjà redoré son blason depuis que la pluie s'est arrêtée et que nous avons découvert la ville sans nos vélos. Ils séjournent avec nos sacoches à l'Alliance. Elena nous fait admirer la gare sous toutes ses coutures, c'est grâce à elle et au mythique Transsibérien que la ville existe. En fin de journée Roman prend le relais et nous emmène découvrir les plus belles vues de la baie du haut des collines de la ville. Je découvre le deuxième pont suspendu en construction qui doit rallier l'île Russki au continent. Lui non plus n'est pas encore achevé et obéit au même calendrier que le premier, ce fameux sommet qui conditionne tous les grands travaux de la ville. Dans le ciel azur, il semble encore plus majestueux, sa silhouette se découpant parfaitement. Mais malgré tous les fonds envoyés par Moscou, les travaux avancent trop lentement. Seuls cinquante pour cent arriveraient à destination...

Russie (023)-vladivostok-front de mer

Roman est architecte, il vit pourtant dans un petit appartement qu'il partage avec un vieillard sourd et muet. Sa chambre est un mouchoir de poche et un e fois nos matelas installés, ils ne reste plus beaucoup de place. Chasseur à ses heures, il nous a concocté du gibier. Il m'avoue avoir déjà vu un ours dans la région et les empreintes d'un tigre de Sibérie. J'ai l'impression que le tigre est ici un peu comme le yéti. C'est l’emblème de la région, tout le monde en parle mais personne n'en a jamais vu, à part l'exemplaire empaillé de la ville.

Russie (038)-vladivostok-construction des ponts

Nous passons notre dernière journée sur l'île Russki qui se situe juste en face de la ville. Le temps manque pour faire le tour de l'île. A première vue, rien de bien palpitant, des barres d’immeubles, des friches, une plage jonchée de détritus et de la forêt. Les trésors de l'île doivent se cacher de l'autre côté. Mais il fait beau et ça fait du bien de respirer un peu d'air pur. Sur le bateau, les habitants de l'île, nous et un motard japonais. On joue aux dominos, on lit le journal. Le bateau est une barge où s'entassent automobiles et passagers sans siège. A part moi et le motard, personne ne s'extasie de la vue sur le port industriel et les tours de la ville.

Russie (042)-vladivostok

Le grand départ c'est pour ce soir !

Russie (031)-vladivostok-vue sur la ville

 

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L
<br /> Bonjour Virginie,<br /> <br /> <br /> C'est avec le même plaisir que je découvre la description de Vladivostok et de plus ton style est toujours aussi agréable.<br /> <br /> <br /> Avec tous ces récits rien ne devrait s'opposer à l'écriture de ton livre; le résultat serait comparable aux livres de Bernard Ollivier qui décrivent sa grande traversée sous le titre de "La<br /> longue Marche".<br /> <br /> <br /> De plus, nous aurions le point de vue d'une jeune femme ayant son vélo pour principal compagnon.<br /> <br /> <br /> La décision te reviens bien entendu dans la mesure ou tu dispose de l'envie et du temps.<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br /> Colette<br />
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